JOURNAL DU CONFINEMENT | [J1]
ou QUELLE ISSUE POUR LA PANDÉMIE COVID19?
Confinement – Premier jour
Lundi 16 mars 2020 [la journée la plus longue]
Ça a été une très belle journée. Enfin le soleil printanier. Le premier lundi depuis des années où je suis pas au cabinet. Pourtant un lundi noir.
Les nouvelles des uns et des autres, les messages des amis, le nombre, les prévisions robustes en matière d’épidémie, les rumeurs, les supermarchés dévalisés … bref, on l’attendait: la nouvelle du confinement. Même si cela n’a pas été prononcé, que les mots utilisés étaient mobilisateurs, guerre contre le virus, civisme, responsabilité, l’état, on y est:
le CONFINEMENT s’impose à tous.
Pour la première fois, entre la fatigue, le stress, l’impossibilité de dormir correctement, les mesures de confinement attendues, j’ai eu du temps. Mais impossible de me concentrer. Ni sur mon blog, ni sur mon site d’information.
Je m’impose tous les jours minimum trois choses utiles:
Objectif Coronavirus: ne pas être moi-même vecteur de transmission | Nr 1
Tout le week-end, j’ai contacté l’ensemble de mes patients pour les informer de l’annulation de la consultation, en leur proposant des consultations par téléphone et même téléconsultation vidéo DOCTOLIB. J’ai aussi pu contacter tous les patients à opérer cette semaine, pour les prévenir de la possibilité de report des interventions: des dizaines de SMS et d’emails, des messages par tous les canaux possibles.
C’est ce matin que j’ai pris la mesure de l’importance de cette annulation. En grand majorité, les patients avaient plus de 70 ans voire plus de 80 ans. Et ils n’avaient pas compris encore la gravité de la situation. Si tous ont accepté, certains étaient fort étonnés. Ils espèrent venir me voir rapidement. Finalement la consultation vidéo sécurisée avec des mots de passe, des appli, des empreintes de carte bancaire, des validations des conditions de confidentialité, des documents scannés…. s’est terminée par une consultation avec le bon vieux téléphone via France Telecom (pardon Orange.fr). Et toute la journée, j’ai fait de la prévention:
NE SORTEZ PAS DE CHEZ VOUS !
Mais docteur:
Mon épouse a des soins d’ophtalmologie à l’hôpital, je peux l’amener même si je reste en voiture?
Est-ce que peux sortir dans le jardin?
Est-ce que peux sortir le chien?
Est-ce je peux aller voir mes petits enfants car ils sont en vacances?
A chaque fois j’ai répondu:
L’heure est grave! Vous êtes vulnérables! NE SORTEZ PAS DE CHEZ VOUS! Évitez TOUS les contacts avec toute personne! Pas de bisous! Et pour les courses, si pas d’autre possibilité, un seul à la fois!
Finalement on a plus parler prévention CORONAVIRUS et gestes barrières, et beaucoup moins prostate, PSA, et pour une fois pas du tout VIAGRA&Co.
Evidemment, la plus grand angoisse a été:
Et comment on va faire pour vous
Encore fois, pédagogie, expliquer et leur dire qu’on verra après le bazar. Et dans le lot, évidemment, un m’a aussi rappelé la CMU et la consultation gratuite! (Pour ne pas oublier le monde dans lequel on vit).
Objectif Coronavirus: m’occuper de ma famille | Nr 2
Comme disait une amie:
Alors Homo sapiens prêt à aller chasser le
A minuit, j’avais reçu un appel d’un ami pour m’informer du confinement. Du coup à 8:31 j’étais au supermarché. Plus aucune place dans le parking, les supermarchés pleins (j’étais probablement un des seuls à essayer à respecter la distance de sécurité de minimum un mètre). Des familles avec des enfants (qui touchaient tout), des personnes agées, des caddies avec des cartons de vin et de bière. J’ai acheté le nécessaire, avec tact et mesure (comme les honoraires).
De retour, les mesures strictes, avec entrée séparée, les vêtements de ville laissés dans le garage (oui j’ai la chance d’en avoir un). Douche, désinfectant, séparer les produits achetés aujourd’hui des anciens…
Le plus compliqué pour nous tous, confinés et d’éviter les calins! Nous en sommes malades. Je dors seul, je travaille dans le bureau (oui, j’ai aussi la chance d’en avoir un pour travailler seul)
Objectif Coronavirus: ne pas sombrer dans la déprime | Nr 3
Autant l’avouer tout de suite, ce sera le plus difficile à faire. Notre cerveau est un cerveau social. Il a besoin des autres. Il fonctionne en réseau. Les spécialistes en neurosciences et psychologie cognitive, qui connaissent le mieux les neurones miroirs, disent que ces neurones fonctionnent comme un WIFI. Oui, l’Homme sapiens a conquis la planète car nous sommes des être sociaux par excellence et nous avons tous besoin des autres. C’est pourquoi, le confinement sera très difficile. C’est pourquoi, nous risquons tous de sombrer dans la déprime.Il n’y a qu’un seul moyen mais avec plusieurs règles.
Gardons le contact avec les autres!
Appelons, échangeons, soyons fous! Parents, amis, collègues, enfants! Garder le lien social nous permettra d’activer les neurones de l’empathie, de la bienveillance et de l’espoir. Et l’espoir fait vivre.
Mais plusieurs règles d’or s’imposent:
Ne pas colporter des nouvelles alarmistes.
A l’heure actuelle, nous ne maîtrisons plus rien. Le quotidien échappe à notre contrôle. A part se protéger soi-même et ceux du foyer, et combler les besoins vitaux, on ne peut plus rien faire. A quoi bon se faire peur avec des nouvelles qui nous dépassent, et contre lesquelles nous ne pouvons plus rien?
Ne pas transférer de rumeurs non fondées
Les experts en neurosciences sont formels – nous sommes tous prêts à avaler, ingurgiter, fabriquer et diffuser des fakenews. Ce n’est pas forcement, les moins instruits, les malveillants, les méchants: nous avons tous une propension pour les fakenews. Et cela tous simplement car notre cerveau a besoin de comprendre. Notre cerveau est un formidable et inlassable conteur d’histoire. Il peut, à partir de quelques pièces de puzzles, fabriquer toute une histoire, parfaitement vraie, cohérente, crédible mais en réalité fausse. Les biais cognitifs sont là pour nous aider dans cette démarche inhérente à notre mode de fonction économique de la pensée. Donc, arrêtons de transférer, même en blague, car cela ne fait qu’amplifier l’instabilité émotionnelle de nos amis!
SOYONS POSITIFS
Si nos cerveaux sont en réseaux, c’est pour véhiculer des ondes positives. Si quelqu’un rit, ceux qui le regardent vont rire également. Si quelqu’un pleure,est triste, ceux qui le regardent peuvent le devenir également. Nous allons au théâtre pour absorber toute l’énergie positive dégagée par les acteurs et par les réseaux de leurs cerveaux qui ont été orchestrés par le metteur en scène!
Diffusons des ondes positives, des mots doux et encourageants.
Le Président de la république nous a annoncé le confinement, même s’il n’a jamais prononcé le mot (probablement sur les conseils des communicants de l’Elysée). Nous y voila. Je vais continuer de tenir ce blog. Et si vous avez des idées, n’hésitez pas! Tout commentaire négatif sera censuré!
Pour terminer
Je vais terminer la journée par une note positive et optimiste avec des phrases en or entendues aujourdhui.
Mon dernier, avec qui j’ai regardé le discours du président, est venu me dire confidentiellement:
Papa, je sais en fin ce que je veux faire comme métier!
C’est quoi? lui dis-je.
Un métier pour aider les autres!
J’avoue que j’ai été très touché
Durant les consultations d’aujourd’hui, un des patients, trop ému m’avait passé son épouse. Je les ai rassurés et j’ai insisté sur les mesures de confinement ( qui n’étaient pas encore annoncées). Et à la fin, avant de raccrocher, le femme dit à son mari:
« Qu’est-ce qu’il est gentil ce docteur! »
C’est à ce moment-la que j’ai compris, ô combien c’est important de parler, partager, appeler les autres!
Catégories :covid, Uroblog, uroblog | breaking news
Laisser un commentaire