Cette phrase résume parfaitement le message passé par un de mes patients à la consultation. Pour être plus précis il m’a dit la chose suivante :
« Docteur Hupertan, quand vous êtes hospitalisés dans cet hôpital on vous l’enlève votre identité, on vous la « la lave »! Vous devenez un simple numéro ! »
Rideau de fer — Wikipédia http://t.co/HgJJWpR36U pic.twitter.com/tYKajn8t5W
— Vincent HUPERTAN (@HUPERTAN) June 3, 2015
Né quelque part à l’Est, derrière le Rideau de Fer et dans une ville symbole pour le communisme, cette phrase a réveillé dans ma mémoire anesthésiée des souvenirs enfuis et douloureux: numéro – vol d’identité…
Nous vivons une période médicale fascinante avec des énormes progrès en matière de dépistage, diagnostics et traitements. La santé devient connectée, E–Santé ou encore santé 2.0.
Pour la prostate l’I.R.M. remplace le toucher rectal du médecin. Un iPhone peut-être à son tour stéthoscope, Cardio-fréquencemètre, podomètre. Par magie il contient le Vidal avec les interaction médicamenteuse ou livret de laboratoire avec les normes. La tablette devient le dossier médical accessible en ligne et il remplace même pancarte (relevé journalier de la température, la tension artérielle…) autre fois accrochée au lit du patient.
Les patients séjournent dans des grands chambres, surtout des chambres seules, avec téléphone, téléviseur, WIFI et sonnette.Les repas sont livrés dans des barquettes individuelles, stérilisés avec des menus commandés par des écrans tactiles.
On n’arrête pas le progrès est les exemples se demultiplient tous les jours.
Et pourtant, les patients se sentent SEULS. Ils ont le sentiment d’être déshabillé de leur humanité avec les vêtements civils échangés par un uniforme en papier appelé : « blouses ».
Sous la blouse: Striptease http://t.co/gOVEgA7XJ1
— Vincent HUPERTAN (@HUPERTAN) June 3, 2015
Ils ont aussi troqué une d’identité avec une étiquette code-barres attachée au poignet. Ils sont des hospitaloïdes.
Du coté médical et des soignants, c’est guère mieux. Le « Docteur » tende à disparaître des badges, on n’est plus chirurgien en les chefs d’équipe.
Doctor, surgeon, physician?! You WERE! Now U R only a "chef d'équipe "= team leader. "Dr" Is a thing of the past pic.twitter.com/KWDL7bARhD
— Vincent HUPERTAN (@HUPERTAN) June 3, 2015
L’infirmière est un agent hospitalier. Vous n’êtes plus le Dr Machin mais le login 5645365646 associé à un mot de passe *********.
La relation soignant-soigné a « évolué ». Notre pensée médicale nous oblige à ranger les patients dans des « tiroirs » que l’on peut appeler également plus scientifiquement « cluster » ou encore des groupes homogènes des malades. Ceux qui ne rentre pas dans ses tiroirs sont honorés par le titre de « CAS ». Pour chaque groupe on devra appliquer un protocole prédéfini par des instances savantes. Les Cas sont l’objet des présentations lors des réunions de concertation pluri disciplinaire et des congrès: Mr X 65 ans est un cas.
Dans la cette nouvelle médecine ont a tout simplement oublié que la médecine a comme objet l’être humain dans son intégralité avec ses souffrances et ses maladies. On a oublié que le premier soin c’est le contact direct, avec la vertu de l’empathie.
Qu’il y ait besoin d’un contact humain entre un médecin et un patient. Qu’il faut commencer par à écouter, interroger pour clarifier et éclaircir les symptômes et examiner c’est-à-dire toucher le patient. Qu’un patient n’est pas une un coeur, poumon, reins, vaisseaux, prostate, … le tout dans une enveloppe cutané. C’est un être humain qu’il faut considérer dans sont humanité pleine et entière.
Et l’hôpital devrait préserver cette humanité.
Certes la blouse bleu de l’hôpital qui laisse apparaître avec indécence les fesses de patients errant dans les couloirs permets de faire rapidement un massage cardiaque en cas de malaise. C’est vrais aussi que l’étiquette jaune, de ne pas se tromper de patient ou s’il est égaré dans l’hôpital de l’identifier rapidement.
Il n’est pas moins vrai, que l’on pourrait essayer de préserver l’identité d’un patient comme un être humain avec ses peine, sa sensibilité, ses fragilités. Car l’hôpital n’est pas une cure thermale, et on encore plus besoin de chaleur humaine.