« Le déclin de notre système de santé » ne serait « pas une fatalité » selon Frédéric Bizard
La rentrée s’annonce chaude. Il ne s’agit pas de la rentrée littéraire voir économico-littéraire.
Dans un contexte économique difficile, avec une reprise qui tarde à venir, la courbe du chômage qui vient juste de s’inverser avec un fantastic – 0,1% en juillet 2015…. et un système de santé à bout de souffle, le monde de la santé est en ébullition.
En France, ou la médecine n’échappe pas à la classique opposition, privé versus public, on avait l’habitude d’opposer la médecine libérale et l’hôpital public. Mais ce qui est nouveau et que, maintenant, les deux connaissent des moments difficiles.
Le burn-out de l’hôpital (public)
Il y a d’un côté l’hôpital public.
Avec 2.000.000 jours de RTT accumulés par les médecins sur les comptes épargnes temps, leur remboursement de ces journées s’élèverait à environ 600 millions d’euros et dont le sort est incertain. On ne voit pas comment les médecins pourront « récupérer » ces jours de RTT et ni comment l’état pourrait les payer.
On connait aussi l’épuisement du personnel soignant. Cette année, pour la première fois dans ma carrière, j’ai noté, à peine rentré des vacances, un personnel fatigué, épuisé, démotivé, sur les nerfs.
En même temps, il faut chercher de l’argent, faire des économies, « tenir la trajectoire financière » de l’hôpital. Les économies seront faites sur le temps de travail, la réaménagement des 35 heures étant une des pistes explorées par Martin Hirsch, le patron de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Quand vous savez que deux tiers du personnel (non-médical) de l’AP-HP, travaillent 7 h 36 par jour (ce n’est pas une erreur de frappe – des technocrates ont partagé le temps de travail de 38 heures pas semaine à 7 h et trente six minutes), il évident qu’une remise à plat est nécessaire du système. Ce n’est pas moins vrai, qu’en imposant la flexibilité du temps de travail, cette reforme risque d’avoir un impact sur la qualité de vie, la vie familiale et en fin de compte la motivation du personnel soignant.
La Médecine libérale, la loi Santé et le Tiers payant généralisé: MST
Et de l’autre côté il y a la médecin libérale. Le fameux Tiers-Payant-Généralisant et la loi Santé, dont certains pensent que c’est d’inspiration populiste et d’autres considèrent que c’est la santé vendue aux mutuelles. Cette loi ne serait qu’un:
« long processus de mise à mort d’un système de santé solidaire » selon Lehmann Christian/Mediapart.
Un point de vue proche, par Frédéric Bizard dans autre article sur Liberté et santé seraient-elles devenues incompatibles| dans le blog Frédéric Bizard sur huffingtonpost.fr:
« loi santé n’a rien d’une loi de modernisation de notre système de santé et tout d’une loi de destruction de ce dernier pour le remplacer par un autre modèle. »
Quelque soit son inspiration, les médecins libéraux rejettent la loi de modernisation de la santé, votée le 14 avril 2015.
A l’occasion de l’Université d’été du PS à La Rochelle, plusieurs organisations syndicales de médecins ont tenu une conférence de presse commune en soulignant leur volonté de voir abrogée la loi de modernisation de la Santé qui instaure le tiers-payant généralisé. Cette conférence de presse à été l’occasion d’une annonce des actions dès septembre, et surtout l’annonce de l’arrêt des soins illimité à partir du 3 octobre.
Les médecins libéraux menacent de fermer leur cabinet le 3 octobre http://t.co/SFACfeQBs1 via @Le_Figaro
— Vincent HUPERTAN (@HUPERTAN) August 28, 2015
Frédéric Bizard propose des solutions dans un livre qui sortira en pleine rentrée médicale compliquée
On peut dire que la rentrée médicale s’annonce très chaude. Le personnel de l’AP-HP qui se mobilise contre son patron, les syndicats des médecins qui bougent, des associations qui combattent la loi Santé, avec une actualité médicale si brûlante on ne peut que saluer l’arrivée d’un livre sur le déclin du système de santé français. Mais ce qu’on attends et de savoir quel est le ratio utopie/réalisme des solutions proposées.
Le déclin du système santé a commencé bien avant 2012
Le déclin du système santé est une triste réalité. L’hôpital a subi de plein fouet les 35?? de Mme Aubry. Ensuite le déclin c’est accéléré durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy grâce à sa ministre de la santé, brillante animatrice sur la TNT dès nos jours. Car il ne faut pas oublier que, ce qui a tué l’hôpital public, c’est la fameuse loi HPST. L’actuelle ministre n’est qu’une digne héritière de la précédente. Personnellement, ayant compris le caractère nuisible de la loi HPST, j’ai abandonné des 2011 mes responsabilités de Chef de Service de Chirurgie, pour me dédier entièrement aux soins de mes patients.
C’est donc avec un regard de simple médecin hospitalier, exerçant depuis 1994 avec une trajectoire standard à l’hôpital public, que j’analyse ce déclin: en tant interne des hôpitaux de Bordeaux j’ai combattu avec mes co-internes la loi Juppé (1996). Nommé Interne des Hôpitaux de Paris j’ai exercé en tant qu’Interne en chirurgie, Chef de Clinique, Assistant, Praticien Attaché, Praticien Hospitalier, Chef de Service de Chirurgie et Président du Conseil du Bloc.
« Politique de santé: réussir le changement »
Non, je n’ai pas lu le livre, que Frédéric Bizard publie aux Editions Dunod, et dont la sortie est prévue le 9 Septembre 2015.
Je me suis juste délecté avec sa présentation par l’auteur même dans: Le déclin de notre système de santé n’est pas une fatalité | dans le blog Frédéric Bizard sur huffingtonpost.fr .
Et je ne peux qu’applaudir cette phrase:
« la classe politique ne semble avoir pris ni la mesure de la situation ni la voie de la réflexion pour mener cette refondation. »
C’est une phrase qui résumé à elle seule les difficultés d’exercer le métier de soignant, libérale ou hospitalier. Tout comme la classe politique actuelle n’a pas de vision économique de la vie de la cité, ces sont les mêmes qui ne connaissent rien à la santé. Leur univers « santé » est un conglomérat des jolies thèses et postulats en rupture avec la réalité du terrain. D’ailleurs, on ne les voit jamais, ces gens-là, dans nos consultation publiques hospitalières, qu’il soient de droite ou de gauche. Si un ministre de l’économie qui ne connais pas le monde de l’entreprise, les charges, les difficultés, ne peut pas comprendre le système économique d’un pays, un politique en charge de la santé sans une vraie expérience d’immersion dans le quotidien d’un hôpital, clinique ou simple cabinet, ne peut pas comprendre les système et surtout apporter les solutions qui s’impose.
« S’adapter ou disparaître »
C’est très juste par ailleurs que :
[le] système dont les principales modalités d’organisation, de financement et de gouvernance n’ont pas changé depuis le milieu du XXe siècle, notre société se retrouve dans une situation de complète inadaptation systémique par rapport au monde d’aujourd’hui et de demain. Le processus en cours est de nature darwinienne: s’adapter ou disparaître.
Refondation « à partir de… » ou » refondation » tout court
Par contre, j’ai quelque doutes sur la possibilité de refondre le système sans le repenser entièrement. Le système français est à bout de souffle, et peut être que l’on pourrait regarder autour. Parmi les autres pays industrialisés, et en particulier les pays nordiques, il y a d’autre pays dont le système de santé est basé sur des valeurs de liberté, d’égalité et de solidarité, sans pour autant avoir un système en burn-out. C’est pourquoi cela me semble difficile que:
« la refondation doit se faire à partir des fondamentaux de 1945 et de notre pacte républicain. »
Si vivons dans:
« un Etat sans vision et sans projet »
je ne vois comment la participation citoyenne peut « débloquer le système« :
« la participation citoyenne à la vie de la cité, indispensable au bon fonctionnement de la démocratie selon Tocqueville, devient la clé principale pour débloquer le système. »
Il me semble difficile de combattre le SYSTEME: à mon sens la bataille est perdu d’avance: c’est le combat de David contre Goliath.
https://twitter.com/HUPERTAN/status/547007903828566016
A titre personnel, je vais apporter ma contribution: j’ai décidé de quitter l’hôpital public, pour une activité entièrement libérale. Toute en réorientant mes activités vers le Web 2.0. Après 1989 de l’autre côté du « Mur », 26 ans après je vais tenter de faire preuve de courage et de prendre une autre dose de liberté: la liberté de penser.
Périclès – Il n'est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage. http://t.co/f3Co6SFFcP
— Vincent HUPERTAN (@HUPERTAN) August 30, 2015
Une citation issue de « Harangue de Périclès prononcée à Athènes en l’honneur des défenseurs de la patrie morts pendant la guerre du Péloponèse »:
Périclès considérait qu’il « n’est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage ».
On attendant la critique du livre, je vous invite à suivre le blog du Frédéric Bizard ainsi que son compte twitter: @fredericbizard.