La contraception est-elle encore une affaire de femmes ?

• Pensez-vous que l'égalité en santé sexuelle et reproductive est acquise ?
• Vous croyez que la contraception est une affaire de femme ?
• Vous pensez que le monde va mal et qu'il n'y a rien à faire, qu'il faut juste accepter l'état des choses ?

Alors, vous perdez votre temps à lire ce texte.

Mais réfléchissez...

Qu'avez-vous fait le 8 mars 2025 ?

Savez-vous pourquoi cette date est importante ?

Pendant longtemps, dans certains pays, le 8 mars était simplement une fête des mères ou des institutrices. Mon père apportait chaque année des fleurs. Mais au-delà de ces traditions, cette date a toujours été bien plus que cela. Elle symbolise une lutte, une revendication, un combat encore inachevé pour l'égalité.

Et cette année, ce sont mes amis du World Vasectomy Day (WVD) qui m'ont rappelé pourquoi ce jour est essentiel.

Vous ne connaissez pas le World Vasectomy Day ?

C'est une organisation non gouvernementale fondée il y a plus de 10 ans par deux visionnaires humanistes : Jonathan Stack et le Dr Douglas Stein. Leur mission : promouvoir la contraception masculine et la vasectomie comme un acte de responsabilité, d'amour et d'égalité.

Chaque année, ils organisent des événements, des campagnes et des webinaires sur la santé sexuelle et reproductive. En 2025, le premier webinaire de l'année portait sur un thème brûlant d'actualité :

"Rights at Risk, Solutions in Action: Innovation and Resilience in Sexual and Reproductive Health."

Je suis fier d'être devenu le porte-parole du WVD en France. Tout a commencé avec mon mentor, Michel Labrecque, l'homme grâce à qui j'ai appris la vasectomie, alors que je n'y croyais pas au départ. Il est devenu un guide, un ami, et ensemble, nous partageons notre passion pour cette pratique, nos expériences et de bonnes bouteilles de vin.

C'est Michel qui m'a introduit à WVD et qui m'a permis de faire ma toute première présentation dans un webinaire de l'organisation, le 18 juin 2022. Depuis, j'ai eu la chance de rencontrer des vasectomistes du monde entier, notamment lors du séminaire de vasectomie de Frisco en janvier 2025.

Avec Jonathan Stack, nous avons passé des heures à discuter dans le Colorado. Comment faire en sorte que la France emprunte le même chemin que d'autres pays ? Comment encourager les hommes à s'engager davantage dans la contraception, au-delà des peurs et des idées reçues ?

Le 8 mars 2025, WVD a choisi de laisser la parole aux femmes.

Le thème était clair :

"Rights at Risk, Solutions in Action: Innovation and Resilience in Sexual and Reproductive Health."

Je savais que peu de Français y participeraient, alors j'ai pris des notes, et voici ce que j'en retiens.

Un état des lieux alarmant

Nous pensions que la mondialisation favoriserait plus d'égalité, plus d'accès aux droits, plus d'opportunités. Pourtant, le constat est amer :

• Aux États-Unis, l'annulation de l'arrêt Roe v. Wade a détruit des décennies de progrès sur le droit à l'avortement.
• La Global Gag Rule (Mexico City Policy) prive de financements des ONG offrant des services d'avortement ou même d'information.
• Les budgets pour la santé sexuelle et reproductive diminuent partout, entraînant une augmentation des grossesses non désirées, des avortements clandestins et des complications médicales évitables.
• Les violences sexuelles et le manque d'éducation sexuelle persistent, preuve que le combat est loin d'être gagné.

Nous ne pouvons pas rester immobiles. Chaque droit acquis peut être remis en cause. Il faut redoubler d'efforts pour défendre, protéger et renforcer les droits des femmes.

Les voix du webinaire : plaidoyer pour une contraception partagée

🔹 María Fernanda Cepeda (Directrice pour la Colombie de WVD) a ouvert la session en soulignant l'urgence de penser la santé reproductive de manière inclusive et globale.

🔹 Silvana Resendy Birhuett (Directrice Régionale de WVD pour l'Amérique Latine et les Caraïbes) a rappelé que WVD ne parle pas seulement de vasectomie, mais bien d'égalité des genres et de droits reproductifs.

🔹 Edith Gloria Mwenge, experte en droits de la santé sexuelle et reproductive, a exposé les conséquences des restrictions budgétaires en Afrique et ailleurs. Moins d'argent signifie moins de contraception, plus de mortalité maternelle, et moins de soins préventifs.

🔹 Lea Minton et Eugenia Montesinos, sages-femmes, ont plaidé pour permettre aux sages-femmes de pratiquer la vasectomie afin de faciliter l'accès à cette méthode.

🔹 Paula Martínez, défenseure des droits humains, a posé une question cruciale :

Pourquoi la contraception repose-t-elle encore presque exclusivement sur les femmes ?

Elle a dénoncé :

• Le manque d'options contraceptives pour les hommes.
• Les barrières culturelles qui entretiennent l'inégalité.
• L'inaction de l'industrie pharmaceutique sur la contraception masculine.

Son message était clair : les hommes doivent s'impliquer activement dans la contraception.

Un appel à l'action : Bogotá 2025

🔹 Kellie Welborn, de l'International Conference on Family Planning (ICFP), a appelé à nous mobiliser pour ICFP 2025 à Bogotá, en novembre.

Le message est simple :

• 📢 Les droits sexuels et reproductifs concernent tout le monde.
• 📢 Les hommes doivent être partie prenante de la contraception.
• 📢 Les politiques publiques doivent garantir un accès universel aux soins.
• 📢 Nous devons nous battre contre les reculs de nos droits.

Le 8 mars ne doit pas être un simple souvenir. Il doit être un départ vers plus de mobilisation, plus de responsabilités partagées, plus d'actions concrètes.