Le traitement de la « Cystite chez la Femme » par une antibiothérapie prolongée voir antibioprophylaxie et se discute. Comment traiter alors la cystite aiguë chez la femme
Cystite! C’est un mot, voire une expression que les femmes détestent ! En tout cas celles qui ont connu cette expérience douloureuse. Et les femmes qui n’ont pas encore connu la cystite ont encore le temps de faire sa connaissance.
La cystite – une femme sur deux sera touchée, et à mon humble avis, c’est sous-évalué. Faut-il traiter toute suspicion de cystite aiguë chez la femme par des antibiotiques ou envisager une antibioprophylaxie au long cours? Comment traiter alors la cystite ? Et en cas de cystite récidivante ?
La cystite – le cauchemar de la femme
Les données de l’infectiologie récente nous disent : « STOP au traitement antibiotique au long cours ». Le traitement antibiotique lors de toute suspicion de cystite, avec la peur non-justifiée de la pyélonéphrite n’est pas sans conséquences. Il est vraie que la cystite, « pourrit » la vie des femmes (expression souvent entendue en consultation). Femmes qui ont fait la douloureuse expérience: au travail, en vacances, durant le voyage en avion ou long voyage en train et surtout après les rapports sexuels ! Au-delà du mot « cystite », il y a ces brûlures urinaires quasi permanentes, des envies urinaires fréquentes et urgentes (impériosité mictionnelle ou urgenturie), des allers-retours incessants aux toilettes et tout ça pour quelques gouttes, des douleurs du bas-ventre similaires aux règles.
On peut dire que dans la cystite, la vessie prend en otage votre vie mettant au premier plan la miction.
Et le problème ce n’est pas cet épisode mais comment faire pour éviter le prochain. Vous consultez dix médecins et vous aurez dix traitements différents. Parfois des consultations-minute sans avoir le temps d’exprimer votre désarroi tel un exutoire, et vous quittez le cabinet avec une ordonnance d’antibiotiques. En fait, cela ne fait que traduire l’embarras les médecins qui n’ont pas de vraie solution. J’y reviendrai plus loin avec la seule question à poser. Exaspérée et désespérée, vous prenez rendez-vous avec le Docteur Google.
La cystite chez la femme selon Google Doc
Je l’ai fait pour vous, et voilà le résultat. Je cite le premier lien sur Google
Cystite : 4 remèdes de grand-mère pour soulager les symptômes
Boire beaucoup d’eau
Il est très important de boire au moins 1,5 litre d’eau par jour quand on souffre d’une cystite. Cela permet de diluer? les germes au niveau de la vessie et faciliter leur évacuation du tractus urinaire. Comme on boit plus, on a davantage envie d’uriner et il ne faut surtout pas se retenir quand on souffre d’une cystite.( !!!!)
Boire une infusion de thym
Le thym est un puissant antibactérien et un antiviral. Il est donc indiqué de boire une infusion de thym toutes les 4 heures environ. (ça reste à prouver mais pourquoi pas)
Se faire un jus médicamenteux
Pour atténuer la douleur, on prépare un mélange dans un verre d’eau avec 1 cuillère à café de bicarbonate, 1 cuillère à café de jus de citron et 2 cachets d’aspirine. (L’aspirine a un effet inflammatoire à des doses plus importantes et il y a mieux comme anti-inflammatoire)
Préparer un cataplasme
Faire cuire des poireaux dans de l’eau bouillante salée, puis les faire légèrement revenir à la poêle dans de l’huile d’olive. Une fois refroidis, on les applique sur le bas-ventre et on protège d’un linge. On se couvre afin d’être bien au chaud. (C’est une vraie recette de grand-mère, mais si ça marche, je ne suis pas opposé !)
Boire une tisane
Boire 3 tasses de tisane d’artichaut par jour ou 4 tasses de thé vert nature car ils ont des vertus diurétiques.
Et dans tous les premiers liens sur Google, il n’y rien de médical (le jour de la recherche), rien de l’évidence based medicine: cataplasme, tisane, jus médicamenteux, méthodes douces, vaccins contre cystite, cystite chez l’homme, cystite et homéopathie… On n’est pas encore au XXIe siècle.
La cystite et les autres infections urinaires – quelques chiffres?
- 30% des cystites guérissent spontanément sans aucun antibiotique, et certaines études expérimentales laissent penser que près de 100%;
- 10 % des cystites définies par les symptômes cliniques typiques, brûlures mictionnelles, envies urinaires fréquentes ne sont pas d’origine infectieuse;
- 30 % des pensionnaires des EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) sont porteurs des bactéries dont les urines mais sans aucune notion infection : c’est une colonisation urinaire souvent par Escherichia coli.
- mois de 1 % des cystites évolue vers une pyélonéphrite infection du rein par voie rétrograde après une cystite;
- dans plus de 90% des cas l’agent pathogène responsable des cystites est pratiquement toujours un Escherichia coli.
- Dans les cystites communautaires (en dehors de l’hôpital) dans près 100% c’est une auto infection avec une souche Escherichia coli pathogène, germe qui colonise habituellement le tube digestif.
- la plupart des cystites sont à la suite d’un rapport sexuel : on les appelle des cystites post coïtales (« Honey moon cystitis » de nos amis anglo-saxons). Mais ce n’est aucunement une infection transmise par votre partenaire au cours de rapports sexuels, ça ne sert à rien de le mettre en cause.
Escherichia coli – une bactérie intestinale habituellement gentille
Escherichia coli (ecoli, e coli, colibacille), est une bactérie colonise le microbiote instestinal (microflore commensale intestinale), près de 80% de la flore intestinale aérobie. La plupart des souches du microbiote humain sont commensales et il y a peu des souches pathogènes. Si les souches commensales des Escherichia coli ne sont pas pathogènes à l’état naturel, elles les deviennent par l’acquisition des gênes de virulence. La stratégie d’infection, importante à connaître pour savoir comment prévenir, se fait en plusieurs étapes :
- colonisation des muqueuses et éventuellement invasion des cellules
- multiplication
- évitement les mécanismes des défenses anti-bactériennes de l’hôte
- l’effet pathogène sur l’hôte.
Dans le cadre des infections urinaires, les E. coli déploient des pili « P » comme pyélonéphrite, qui adhèrent à la surface des cellules épithéliales des voies urinaires. Une fois la muqueuse vésicale colonisée, une fois que les E.coli qui adhérent à la paroi vésicale pour qu’elles deviennent pathogènes, il faut qu’elles se multiplient. Une fois la première étape de colonisation effectuée, l’effet pathogène va s’exercer au niveau de la paroi, entrainant essentiellement une inflammation la « cystite ».
Les voie de l’infection dans les cystites et toujours une voie ascendante ou rétrograde. Ainsi des germes d’origine fécale en provenance de la région péri-anale vont remonter dans la vessie.
Pourquoi les germes fécaux remontent dans la vessie : colibacilles, klebsiella, proteus ou encore entérocoques.
Le mécanisme le plus fréquent est le rapport sexuel et dans sa forme la plus classique, pas nécessairement par une pratique anale. On considère que les mouvements de va-et-vient participent à un mouvement ascendant des germes fécaux présents au niveau du méat urétral, c’est-à-dire à l’entrée du vagin. Parfois des brides hyménales restantes peuvent amplifier l’effet par une traction et ouverture rythmée du méat.
Si par la proximité entre la vessie et l’entrée du vagin, des bactéries peuvent monter dans la vessie mais en petite quantité, espacer les mictions (apport hydrique insuffisant), se retenir (car l’accès au toilettes est difficile) et surtout la vidange incomplète (résidu post-mictionnel) sont les facteurs qui favorisent la multiplication.
Cystites – toutes les femmes ne sont pas égales face aux colibacilles
Comment peut-on expliquer, que, à mode de vie identique (sexualité, habitudes mictionnelles, apport de boissons) certaines femmes développent des cystites et d’autres pas. Des études montreraient qu’il y aurait des différences en matière de défense antibactérienne : l’adhésion à la paroi vésicale ou après la colonisation de la vessie !
Et au-delà de ces différences il y a les facteurs, que tout urologue devrait rechercher, qui favorisent l’une ou l’autre des étapes clés. Ces facteurs, sont à l’origine des infections urinaires à répétition ou les cystites à répétition
Cystites à répétition – les causes
L’anatomie de l’appareil urinaire féminin explique pour quoi toute femme peut développer au cours de sa vie une infection urinaire basse, symptomatique, sous la forme d’une cystite aiguë, exceptionnellement d’emblée une pyélonéphrite et ce n’est pas rare que l’on découvre des colonisations urinaires symptomatique sans toutefois parler d’infection urinaire. Quand le nombre d’épisodes augmente, on parle de cystite à répétitions. Il a été proposé le seuil de quatre épisodes de cystites par an pour étiqueter comme des cystites à répétition. Si toute femme peut développer des épisodes de cystites, pourquoi certaines développent des cystites à répétition? Généralement, on suspecte la présence des facteurs favorisants et la prise en charge doit se focaliser sur la recherche, l’identification et la mise en place des mesures pour prévenir ces épisodes. C’est le rôle de l’urologue, qui ne doit pas se contenter de vous dire « Mme il faut boire beaucoup !» ( et il a des fortes chance qu’il ait raison) et de vous prescrire un antibiotique. Un interrogatoire « policier » sur les circonstances, la date d’apparition, la durée des épisodes, les habitudes alimentaires et l’apport hydrique, votre sexualité (début de la vie sexuelle, changement de partenaire, pratiques sexuelle).
Les habitudes de votre vie mictionnelle doit être au centre des questions: nombre des mictions, positions, facilité de l’accès aux toilettes, la propreté des toilettes en dehors de votre domicile. C’est au terme de cet interrogatoire parfois poussé, qu’il pourra établir un certain nombre des choses à corriger et organiser les bilans complémentaires. Dans ma pratique d’urologue, chez les femmes en activité génitale, , les examens complémentaires ont permis d’identifier un cause potentiellement curable pour moins des 1% des femmes ayant consulté. Voici les principales causes que j’ai pu identifier, mais avec une notion de probabilité:
Le « pipi debout » ou la miction à haute pression
Les plus fréquent ce sont les habitudes de vie mictionnelle, et en particulier « le pipi debout » qui pourrait être responsable. En raison des fausses croyances (« les infections viennent des toilettes »), les partages des toilettes avec des hommes (« docteur, c’est sale et il y a des gouttes partout »), « ça sent mauvais », « je n’ai pas le temps », « les jeans ne me permettent pas de m’assoir »)…. Cela créer un mauvais reflexe lors de la miction.
La miction qu’il s’agisse d’un nourrisson ou d’un adulte est toujours un arc réflexe avec une contraction unique, involontaire, progressive du muscle vésical (eh oui la vessie est un muscle de même nature que le muscle cardiaque) parfaitement synchronisé avec un relâchement concomitant des sphincters urinaires. Des tentatives répétées de « pousser pour uriner et faire vite », « aider », « rester débout et contracter le plancher pelvien » va créer un dysynergie vésico-sphinctérienne avec des contractions simultanées de la vessie et des sphincters, avec comme conséquence est le résidu post-mictionnel, alors que, à la fin d’une miction normale, la vessie doit être vide.
La vessie est un muscle autonome qui n’a pas besoin d’aide. Il faut le laisser faire et pendant la miction, il faut s’assoir complétement avec un relâchement du périnée tout en écartant les genoux, et ne pas penser à la miction.
Je conseille d’utiliser votre iPhone (je suis un fan de Mac et je n’ai pas à vous dire que le Samsung aurait le même effet !!) pour détourner l’attention et ne pas intervenir volontairement dans le fonctionnement de la miction réflexe. Parfois, il faut repasser par la case rééducation vésico-sphinctérienne avec un kinésithérapeute pour réapprendre à uriner !!!!
Le résidu post-mictionnel
D’autres facteurs peuvent créer les conditions d’un résidu post mictionnel et que l’urologue doit systématiquement rechercher lors de l’examen clinique et/ou d’imagerie.
- la ménopause avec son cortège des modifications des organes génitaux-externes, atrophie vulvo-vaginale, sténose du méat, ectropion du méat, liquen scléro-atrophique.
- Cure d’incontinence urinaire avec une bandelette trop serrée ;
- Un prolapsus génital et particulièrement la cystocèle ;
- Toute chirurgie ou radiothérapie du périnée ou de l’appareil génital
- Des anomalies périnéales acquises : kystes du vagin ;
- Des troubles digestifs et surtout la constipation opiniâtre.
Corps étranger dans la vessie
J’ai trouvé des calculs, des fils résiduels d’une chirurgie vaginale ancienne et surtout des tumeurs de vessie (polypes de vessie).
Comment traiter la cystite
Se focaliser sur la symptomatologie et combattre essentiellement la douleur. Comme antidouleur, et absence de contre-indication, ces sont les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) les plus efficaces et en premier lieu le ANDATDY, AINS par excellence efficace dans les douleurs des règles « dysmenorhée »). On peut compléter avec des antispasmodiques et
Faut-il traiter la cystite avec un antibiotique durant une semaine?
Les données de l’infectiologie récente, c’est-à-dire 2015, avec une augmentation accrue de la résistance au antibiotique des bactéries responsables d’infections urinaires dites communautaires (c’est-à-dire pas nosocomiales) mettent en question le principe d’une antibiothérapie systématique et au long cours:
– durant les années 90 on a vu vu augmenter la fréquence des Escherichia coli résistantes aux pénicillines plus récemment ce sont les quinolones qui ont vu la résistance augmentée par plusieurs mécanismes:
– l’antibioprophylaxie systématique des élevages de poulets par des quinolones participe grandement à une résistance des bactéries à ces antibiotiques (à ma connaissance l’Australie c’est le seul pays au monde qui a interdit l’usage des quinolones dans des élevages)
– le changement des habitudes de prescription qui encourageait à ne plus traiter par pénicilline( Clamoxyl et Augmentin) mais par une quinolones (Oflocet) le plus souvent. Cela a entraîné une explosion des souches résistantes aux quinolones permettant d’observer la réapparition des souches sensibles même au Clamoxyl.
Escherichia coli est-il l’ami/ennemi de la femme?
Nous connaissons tous la résonances affective des nom comme Dior, Guerlain, Chanel. En direction totalement opposée, le nom de cette bactérie à l’origine des cystites chez la femme, l’Escherichia coli (colibacille), a une résonance émotionnelle fortement négative. C’est quoi donc Escherichia coli.
L’écologie bactérienne en matière de bactéries résistantes aux antibiotiques varie géographiquement selon les habitudes de prescription du corps médical dans un territoire de santé: entre la présence des quinolones dans la viande de poulet les quinolones prescrites facilement , la quasi-totalité des 26 antibiotiques qui peuvent être administré par voie orale ne fonctionne plus. En même temps l’éducation et les consignes d’éviter de prescrire de l’Augmentin en privilégiant les quinolones permet également d’observer des sensibilités au Clamoxyl et à l’Augmentin ce qui est nouveau.
– tout comme le capital voiture, le capital solaire, le capital immobilier nous devons chacun être responsable de notre capitale antibiothérapie. Les cystites comme bon nombre d’infections sont causés par nos propres bactéries. L’utilisation prolongée des 26 butyliques dits à large spectre ou l’utilisation répétitive des antibiotiques va obligatoirement modifier la composition du microbiot donc nous sont chacun porteur.